Avec presque 200 ans au compteur (eh non, Jean-Paul Gaultier n’en est pas l’inventeur !), la marinière a fait son chemin jusqu’aux plus grands podiums. Ce tricot rayé était initialement destiné à repérer un matelot tombé à l’eau. Pas sûr que l’uniforme rayé bleu et blanc ait prouvé son efficacité de ce côté-là, il a en revanche marqué la mode et même la culture française à l’encre indigo.
Ce symbole du « Made in France » a subit quelques évolutions par le passé. La marinière n’a pas toujours eu l’allure qu’on lui connait puisqu’elle s’est octroyée ses rayures emblématiques seulement quelques années après sa création.
La marinière est apparue au XVIII ème siècle sous la forme d’une simple blouse blanche parée d’un large col bateau. Elle était à l’époque l’habit des marins situés en bas de l’échelle hiérarchique et faisait office de sous-vêtement.
Le « tricot » comme on l’appelait dans les années 1810, était fabriqué en maille jersey qui se prêtait particulièrement bien à la confection des sous-vêtements. Il servait donc à la fois de haut et de slip, puisque la marinière descendait jusqu’en bas des genoux et était rentrée dans le pantalon.
La marinière va progressivement troquer sa couleur monochrome contre ses célèbres rayures. Mais le tricot rayé ne sera officiellement intégré à la tenue de travail des matelots qu’en 1858 avec le décret du bulletin officiel des armées qui annonce très précisément le nombre de rayures que doit comporter le vêtement.
La marinière doit compter « 21 raies blanches larges de 20mm et 20 ou 21 raies bleues larges de 10mm ». Soit des rayures blanches deux fois plus épaisses que les rayures bleues. Et sur les manches, quatorze rayures bleues espacées de vingt millimètres, les manches devaient également être 3/4 pour ne pas dépasser de la vareuse.
Là encore, cette technique de confection n’est pas le fruit du hasard et permettait aux marins de ne pas s’accrocher dans les cordages. C’est pour cette même raison que les boutons et autres artifices étaient également bannis de l’uniforme.
La marinière parcourra quelques milliers de miles avant que le monde de la mode ne s’en empare. Et c’est en 1917 que Gabrielle Chanel alias Coco Chanel détournera la marinière pour en faire le nouvel accessoire tendance des bourgeoises de l’époque.
Elle reprendra ainsi les codes de la blouse initiale dénuée de rayures et affublée d’un col bateau, pour la retravailler dans une matière inédite : la soie. Il n’en aura pas fallu plus pour anoblir et féminiser ce vêtement à l’origine réservé aux hommes.
Les grands noms de la couture reprendront ensuite un à un le tricot rayé pour en faire un véritable phénomène de mode. Loin de ses habituels pantalons à pont et bonnets à pompons, la marinière se portera désormais avec un jean taille haute ou une jupe longue comme sur Brigitte Bardot dans le Mépris en 1963.
Mais le succès de la marinière sera véritablement établi lors de sa première apparition sur un podium en 1966 avec la collection « matelot » d’Yves-Saint-Laurent. Elle y apparaitra détournée avec une iconique robe à sequins pailletée motif marinière.
Jean-Paul Gauthier fera par la suite de la marinière son emblème et sa marque de fabrique. Obsédé par les rayures indigo depuis son enfance, il fera de ce vêtement la star de son premier défilé masculin en 1978 et saluera le public lui-même habillé d’une marinière.
Désormais tout aussi célèbre que la baguette de pain et le béret, la marinière sera également retravaillée par Karl Lagerfeld dans les années 1990 avec des rayures plus fines et une encre plus claire.
Enfin, le célèbre motif rayé sera floqué sur le maillot officiel de l’équipe de foot français en mars 2011 grâce à la collaboration entre Nike et Karl Lagerfeld. Bien que cette idée n’ait pas tenue plus d’une année, elle aura eu le mérite d’insuffler un peu de vintage au sport national.
Désormais dans tous les dressings, la marinière est définitivement un basique mixte à adopter si ce n’est pas déjà fait !
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